Aller au contenu principal
Nouvelle

Les contrôles sanitaires de la pandémie de SARS-CoV-2 : enjeux de sécurité et perceptions du milieu policier

25 avril 2024

Le professeur et chercheur Yves Boisvert se penche sur la perception de la gestion des décrets sanitaires par les autorités policières et sur les comportements de la population.

On se souviendra longtemps du 13 mars 2020, date à laquelle le Québec a basculé dans l’univers de l’urgence sanitaire à la suite de la pandémie du SARS-CoV-2, la COVID. Du jour au lendemain, l’action publique a changé de cap. Les autorités gouvernementales ont mis en place des décrets sanitaires pour réduire la contagion de ce nouveau virus dont nous avions encore, à l’époque, tant à apprendre. Parmi ces règles, celles du confinement des citoyennes et des citoyens.

Les autorités policières ont été touchées par les mesures spéciales décrétées par le gouvernement. En effet, ce sont ces actrices et ces acteurs qui devaient faire respecter les règles. Mais comment ont-ils vécu l’expérience ? Quatre ans après le début de cette crise qui a marqué les esprits, Yves Boisvert, professeur à l’École nationale de l’administration publique (ENAP), et Luc Bégin, professeur à l’Université Laval, proposent une analyse approfondie du contexte politico-administratif et des enjeux de sécurité publique qui ont marqué cette période.

Sous le titre La police et les contrôles sanitaires – Derrière la façade, l’ouvrage s’intéresse à la perception des policières et des policiers quant à la stratégie gouvernementale adoptée durant la crise. Il met en lumière le difficile travail des autorités policières pour opérationnaliser les décrets sanitaires. Pour les patrouilleuses et les patrouilleurs le plus difficile a été de suivre le virage gouvernemental d’une approche axée sur la prévention à une approche répressive.

Ce virage a soulevé des dilemmes éthiques chez de nombreux membres des corps policiers, en particulier les patrouilleuses et les patrouilleurs, précise Yves Boisvert. Il était important pour nous de voir les changements et les effets des actions gouvernementales sur les organisations, puis sur les policières et les policiers, et enfin sur les citoyens.

Publié aux Presses de l’Université de Montréal, l’ouvrage montre également comment l’écart entre la commande gouvernementale et sa mise en œuvre a mené les auteurs à nuancer l’idée d’une domination coercitive dans un contexte bien particulier.

Gérer une crise pandémique mondiale et gérer les libertés individuelles

Les décrets sanitaires sont apparus et ont fait émerger de nouvelles déviances sociales. Avec eux, une nouvelle catégorie de personnes s’est dévoilée : celles et ceux qui transgressaient ces règles. Pour réguler les comportements, le gouvernement a donc adopté des règles qui allaient à l’encontre des chartes des droits et des libertés individuelles et ce sont les corps de polices qui ont été chargés de les faire respecter.

Toutes et tous se sont soudainement vus interdire de rendre visite aux proches, familles et amis. Les contacts avec les collègues ont cessé, soit parce que le travail se faisait de la maison ou parce qu’on avait carrément perdu son emploi. Sortir de la maison est devenu une expérience complexe faite de règles, de masques, de distanciation sociale ou d’horaire restreint. En effet, pour la première fois depuis longtemps, le Québec était soumis à un couvre-feu.

Les auteurs proposent donc une mise en contexte, des propos retenus d’entrevues réalisées avec des experts, ainsi qu’une analyse basée sur des ouvrages consacrés aux enjeux de gestion sanitaire et de crise. À cela s’ajoute un volet quantitatif qui tient compte, entre autres, du nombre de constats émis par les services de police du Québec ou des plaintes déposées auprès du commissaire à la déontologie policière.

Les résultats plus marquants des travaux de l’équipe des professeurs Boisvert et Bégin se trouvent dans les quatre derniers chapitres du livre. Ils y présentent les résultats d’une étude qualitative portant sur la perception des actrices et des acteurs du milieu policier. Membres de la direction, cadres des services de police et patrouilleuses et patrouilleurs ont été interrogés sur la stratégie de régulation des autorités gouvernementales, de même que sur sa mise en application. 

Les travaux des professeurs Boisvert et Bégin portent essentiellement sur la première année de la gestion de l’urgence sanitaire (de mars 2020 à mars 2021) et ont été réalisés en partenariat avec l’Association des directeurs de police du Québec (ADPQ). La recherche a été financée par le Conseil de recherches en sciences humaines (CRSH).

Partagez cette page

Tous droits réservés © 2024 ENAP - École nationale d’administration publique