Une équipe de recherche de l’École nationale d’administration publique (ENAP) confirme la présence d’un lien causal entre la confiance envers les entreprises et les banques et les problèmes d’accès aux soins de santé.
C’est ce que révèle l’étude de la chargée d’enseignement et postdoctorante à l’ENAP, Olfa Berrich, et du professeur de l’ENAP, Moktar Lamari. Récemment publiés dans le International Journal of Health Care Quality Assurance, les travaux de l’équipe de recherche comptent sur la collaboration de Faten Lakhal, professeure à l’École de Management Léonard de Vinci en France.
Les conséquences générées par la COVID-19 sur l’économie canadienne ont notamment créé une crise de confiance du public entre autres envers les entreprises et les banques. En effet, dans l'article Does healthcare access affect trust in institutions? Empirical evidence in Canada during the COVID-19 pandemic, l’équipe a démontré que les personnes confrontées à des problèmes d’inaccessibilité aux soins de santé peuvent développer certaine une défiance face aux entreprises et aux banques.
Nos travaux ont permis de mettre en exergue une relation statistiquement significative entre l’accès aux soins de santé et la confiance des citoyennes et des citoyens canadiens face aux établissements publics ou privés.
Le cercle non vertueux de la pandémie
Les effets de la pandémie se sont d’abord fait sentir sur l’économie locale et mondiale. Les pertes d’emploi ont eu pour conséquences une baisse du pouvoir d’achat et une hausse du taux de chômage, mais également la fin de l’accès aux programmes d’assurances collectives (santé) offerts par les employeurs. Parallèlement, le confinement et les divers impacts de la pandémie ont rapidement entraîné une augmentation de l’anxiété et de la détresse psychologique, ainsi qu’une diminution de la satisfaction à l’égard de la vie et de l’emploi.
Toutes ces conséquences de la pandémie de COVID-19 se sont accompagnées d’une crise de confiance du public dans les institutions gouvernementales et privées (Bijlsma et coll., 2022). La pression économique et financière, combinée à un accès limité aux soins de santé, a conduit les individus à se tourner vers des institutions telles que les banques et les entreprises pour obtenir un soutien. Le niveau de confiance dans ces institutions, en particulier en ce qui concerne leur capacité à fournir une aide financière, est devenu un facteur essentiel de la capacité des individus à faire face à la crise. Extrait de Does healthcare access affect trust in institutions? Empirical evidence in Canada during the COVID-19 pandemic publié dans le International Journal of Health Care Quality Assurance.
Plus précisément, du côté des soins en santé mentale, l’impact négatif a été amplifié pendant la pandémie de COVID-19. De nombreuses études ont démontré une hausse des difficultés psychologiques dans la population en général.
Les personnes ayant souffert de problèmes de santé mentale pendant la COVID-19 étaient plus susceptibles de perdre confiance envers ces institutions.
Les variables sociodémographiques, notamment le genre, le niveau d’éducation et le statut matrimonial, ont une influence sur le degré de confiance accordé. Toutefois, l’équipe souligne que la relation entre l’accès aux soins et la confiance était plus prononcée chez les hommes et les personnes avec un niveau de diplomation plus élevé.
Selon Olfa Berrich, cette corrélation peut inspirer des partenariats pouvant contribuer au renforcement, voir au rétablissement de cette confiance. Ainsi, les entités institutionnelles canadiennes, généralement des banques et des entreprises, et les organismes de santé, peuvent établir des collaborations fructueuses pour renforcer la perception des citoyennes et des citoyens quant à leur crédibilité.
Les données utilisées par l’équipe de recherche concernent exclusivement la population canadienne sans distinction entre les provinces (36 851 répondantes et répondants).
Olfa Berrich
Spécialisée en finance et chargée d’enseignement à l’ENAP, Olfa Berrich, Ph. D., est chercheuse sur des projets financés par le Conseil de recherches en sciences humaines (CRSH) et le Fonds de recherche du Québec (FRQ). Ses travaux portent sur la finance, les méthodes de recherche, les sciences sociales et les changements climatiques. Elle possède une expertise solide dans le domaine de la méthodologie qualitative et quantitative en recherche. Elle a à son actif des articles scientifiques révisés par les pairs axés sur l’analyse de problématiques complexes à l’intersection de l’économie, de la finance et des enjeux environnementaux.