À la session d’hiver 2023, Bruno Legrand Djontu, étudiant à l’École nationale d’administration publique (ENAP), déposait son travail final du séminaire de doctorat. Un an plus tard, une version bonifiée ce projet d’étude a été publié par la revue Canadian Public Administration, à la suite d’une évaluation par les pairs.
Originaire du Cameroun où il y a étudié les mathématiques, l’économie et l’administration économique et financière, Bruno Legrand Djontu effectue des études de doctorat de l’ENAP et est assistant de recherche dans le Groupe de recherche en économie publique appliquée (Grépa).
Polarisation et perceptions des problèmes sociaux
Dans le cadre de ses travaux, Bruno Legrand Djontu a effectué une comparaison entre les perceptions de deux groupes de citoyennes et de citoyens quant aux problèmes sociaux perçus au Canada. Le premier groupe était composé de personnes vivant en milieu urbain et ayant complété un diplôme universitaire. Le deuxième groupe se composait de personnes habitant un milieu rural et ne possédant aucun diplôme universitaire.
Le chercheur a donc analysé les données de l’Étude électorale canadienne, recueillies entre 1993 et 2021, afin de comparer les opinions de ces deux groupes de Canadiennes et de Canadiens. L’objectif de l’étude, menée en collaboration avec le professeur Étienne Charbonneau, visait à analyser la polarisation des perceptions des problèmes sociaux au Canada. Les chercheurs voulaient évaluer si cette polarisation des enjeux sociaux était, ou non, un élément inhérent de l’environnement des personnes interrogées. C’était aussi l’occasion d’évaluer si la fonction publique devait ou non s’inquiéter de la polarisation de la perception des citoyennes et des citoyens sur les administrations publiques, partout au pays.
Les résultats démontrent des désaccords entre ces groupes, mais les données et les méthodes utilisées ne nous permettent pas de confirmer une polarisation accrue, du moins entre 1993 et 2021. De plus, la polarisation sociale ne semble pas encore influencer les administrations publiques canadiennes.
Jusqu’à présent, le Canada est donc l’un des rares pays occidentaux à avoir été épargné par des turbulences du populisme. Mais cela pourrait changer. En effet, du Brexit à l’élection du Président Trump, en passant par le mouvement des gilets jaunes en France, ou encore les partisanes et les partisans du président Recep Tayyip Erdoğan en Turquie, le populisme prend fréquemment sa source dans un clivage entre villes et campagnes.
Pour ne plus réagir aux événements récents, nous devons tenir compte des forces plus vastes en jeu, conclut le chercheur dans l’article publié sous le titre "Should the Canadian Public Service Worry about the Polarization in the Perceptions of Social Problems?" La polarisation ne peut pas être considérée comme l’élément principal de l’environnement qui façonne les défis auxquels sont confrontés les fonctionnaires.
À propos du GREPA
Le Groupe de recherche en économie publique appliquée (GREPA) applique différentes théories économiques en politiques publiques. Il est notamment actif en fiscalité, en politiques de financement de l’éducation et en évaluation économique des politiques.
Les membres ont pour thème commun de venir d’une discipline fortement quantitative : des économistes, démographes, mathématiciens et spécialistes d’analytique de données. Le GREPA est dirigé par le professeur Pier-André Bouchard St-Amant.
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