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Nouvelle

La Chaire-réseau de recherche sur la jeunesse du Québec dévoile ses résultats sur les inégalités académiques

16 octobre 2025
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Groupe de jeunes à l'école d'été de Martin Goyette

La Chaire-réseau de recherche sur la jeunesse du Québec (CRJ) présente les résultats de ses plus récents travaux sur les enjeux systémiques d’un placement en protection de la jeunesse. Cette fois, l’équipe du professeur Martin Goyette s’est penchée sur les défis de la scolarisation chez les jeunes qui ont été placés.  

Sous le titre Transitions à la vie adulte et égalité des chances : analyse des parcours scolaires des jeunes ex-placés, Martin Goyette, Josiane Picard et Tonino Esposito présentent des travaux qui combinent des données ministérielles avec celles de l’étude longitudinale.

L’équipe de chercheuses et de chercheurs propose un éclairage inédit sur la scolarisation des jeunes jusqu’à l’âge de 23 ans. En effet, pour un nombre significatif des jeunes ex-placés, la sortie de placement représente une rupture qui affecte leur parcours scolaire. 

Notre constat le plus préoccupant concerne le taux de diplomation de ces jeunes. Près de 40 % des jeunes quittent l’école au cours de l’année qui suit l’année de leur majorité. Une situation qui coïncide avec leur sortie de placement en protection de la jeunesse après l’âge de 18 ans. 
Martin Goyette, professeur à l’ENAP et titulaire de la Chaire-réseau de recherche sur la jeunesse

Des parcours marqués par l’inégalité

  1. 6

    fois moins de jeunes de l’EDJeP sont diplômés au collégial.

  2. 25

    fois moins diplômés de l’université que les jeunes du même âge dans la population générale.

Pour les jeunes de la population générale, cette même période coïncide quant à elle avec une importante étape du parcours scolaire des jeunes soit l’obtention du diplôme d’études secondaires (DES).

Parmi les constats, le rapport fait ressortir que plus le niveau de scolarité est élevé, plus le filet de sécurité est important. Par exemple, près de 25 % des jeunes sans diplôme vivent au moins une situation d’itinérance avant l’âge de 19 ans. Après l’âge de 21  ans, l’analyse démontre que ce pourcentage augmente à 35 %.

Si on compare les statistiques pour l’ensemble des jeunes du Québec et pour les jeunes ex-placés, on constate une différence énorme pour l’obtention du diplôme d’étude secondaire DES. Si 85,7 % des jeunes au Québec complètent un DES avant l’âge de 23 ans, ce chiffre diminue radicalement à 22,8 % pour les jeunes ex-placés du même âge. Cette disparité est très marquante. 
Josiane Picard, chercheuse à l’ENAP

Faits saillants

Contenu

Des enjeux systémiques pour mobiliser le changement des politiques publiques

  1. 39,1 %

    des jeunes ex-placés quittent définitivement les bancs d’école l’année de leur majorité, sans retour.

  2. 56,8 %

    des jeunes ex-placés n’ont ni diplôme ni qualification à l’âge de 21 ans.

L'importance de la formation

  • Les jeunes sans diplôme sont surreprésentés dans les catégories d’instabilité résidentielle et d’itinérance.
  • La réalisation d’une formation professionnelle constitue un important vecteur de stabilité (résidentielle, facteurs psychométriques, santé, etc.) pour les jeunes ex-placés.
  • Les jeunes ex-placés ayant complété leur DES ou une formation professionnelle ont bénéficié de plusieurs facteurs de protection, tels que des placements stables et à un plus jeune âge ainsi qu’une plus grande stabilité résidentielle.
Mieux comprendre les besoins scolaires des jeunes qui vivent un placement en protection de la jeunesse, c’est se donner les moyens d’offrir des interventions qui favorisent réellement leur réussite et leur bien-être. 
Tonino Esposito, professeur à l’École de service social de l’Université de Montréal et chercheur à la Chaire-réseau de recherche sur la jeunesse du Québec

Une étude longitudinale

Ce rapport s’inscrit dans une série de travaux menés sur plusieurs années par l’équipe de la CRJ. En 2024, deux rapports faisaient état des écarts marqués en emploi ou encore d’une consommation accrue de services sociaux et de santé pour les jeunes ex-placés.

En jumelant les données issues des ministères de l’Éducation (MEQ) et de l’Enseignement supérieur avec les données de trois vagues de l’Étude sur le devenir des jeunes placés (EDJeP), l’équipe de recherche a fait ressortir des données probantes, mais également des pistes de solutions.

Pour consulter l’étude

« Ce volet de l’étude nous confirme que les personnes et les organisations qui travaillent pour et avec ces jeunes issus d’un placement doivent s’assurer d’une responsabilité et d’un leadership intersectoriel. Nous devons poursuivre nos efforts communs en ce sens. » Martin Goyette

Quelques pistes de solutions

  • Favoriser la persévérance est primordial pour le bien-être des jeunes et leur intégration sociale
  • Prolonger la prise en charge, renforcer le soutien à la transition et dans les études 
  • Combiner les objectifs de stabilisation en priorité dans les domaines du logement, de la santé mentale et de la scolarisation 

L’Étude sur le devenir des jeunes placés – EDJeP

L’Étude longitudinale sur le devenir des jeunes placé·es (EDJeP) s’intéresse aux conditions de vie et de sortie des jeunes de 17 à 23 ans ayant été placé·es dans des services de protection de la jeunesse. Sous la direction de Martin Goyette, EDJeP a pour objectif de combler le manque de connaissances sur la préparation à la vie autonome des jeunes placés en protection de la jeunesse. Le projet se concentre sur la période qui suit le placement, un sujet ayant fait l’objet de très peu d’attention au Québec. 

Au fil des années, trois vagues d’entrevues ont été menées auprès d’une cohorte initiale de 1 136 jeunes placés. La recherche s’accompagne d’investigations auprès de ministères sur différentes sphères de la vie de ces mêmes jeunes, notamment de la Santé et des Services sociaux, de l’Emploi et Solidarité sociale et de la Sécurité publique. EDJeP constitue la première étude québécoise longitudinale et représentative sur cette thématique.

Autres rapports

À propos de Martin Goyette

Cotitulaire de la Chaire-réseau de recherche sur la jeunesse du Québec (CRJ), le chercheur Martin Goyette est reconnu pour son expertise en analyse des politiques sociales et des pratiques à l’égard des jeunes et des populations en situation de vulnérabilité. Récemment, ses travaux portent sur différents volets de vie des jeunes adultes issus de la protection de la jeunesse (taux de diplomation, santé, itinérance, etc.).

En 2020, il a reçu le Prix d’excellence en recherche de l’ENAP et, en 2024, le prix Kenneth Kernaghan de l’Association canadienne des programmes d’administration publique

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