Sous l’effet de défis sociaux, environnementaux, sanitaires, technologiques, l’administration publique est en transformation constante. L’École nationale d’administration publique (ENAP) est l’un des acteurs clés dans l’accompagnement et la formation de ce secteur en mouvance.
L’École d’automne sur la coproduction des services publics s’est déroulée du 20 au 24 octobre 2025. Plus d’une centaine de personnes étaient réunies pour l’occasion à notre campus de Montréal. Pendant une semaine, elles ont pu en explorer les fondements théoriques et pratiques avec les professeures Audrey L’Espérance et Marie-Christine Therrien et leurs invités.
Cet événement illustre bien le souhait de l’ENAP : former et mobiliser les acteurs publics autour des grands enjeux contemporains, tout en contribuant à transformer les pratiques par la recherche et l’expérimentation. Cette semaine, qui portait l’innovation publique et les échanges intersectoriels au cœur de sa mission, a été plus qu’un cours crédité. L’école a surtout été la vitrine d’un dialogue fertile entre différentes personnes : chercheuses et chercheurs, membres étudiants, personnes travaillant au sein de l’administration locale et provinciale ou encore dans le milieu communautaire et citoyen.
L’innovation publique, une responsabilité partagée
La formation d’une semaine comptait sur des collaborations au potentiel prometteur. L’École des hautes études en santé publique (EHESP), le Réseau de prévention des crises en santé (Précrisa) et la Maison de l’innovation sociale (MIS) ont participé activement à ce rendez-vous porté par l’équipe du Cité-ID LivingLab. Le Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux (CIUSSS) du Centre-Sud-de-l’île-de-Montréal, la Ville de Montréal et la Chaire en leadership dans le secteur public de l’ENAP ont également contribué au projet.
L’ENAP a également eu le privilège de recevoir Marie Grégoire, présidente-directrice générale de BAnQ, Véronique Hivon, professeure invitée en sciences politiques à l’Université de Montréal et à la Maison des affaires publiques et internationales, et Hélène David, professeure à l’Université de Montréal et ex-ministre.
Les trois ex-députées ont participé à une table ronde animée par Geneviève Baril, diplômée au doctorat à l’ENAP, codirectrice stratégie et innovation du Cité-ID LivingLab et chercheuse associée à l’ENAP.
L’École d’automne 2025 sur la coproduction des services publics a mis en lumière la valeur ajoutée de la collaboration entre l’état et la société civile et la force de l’intelligence collective. La rencontre entre les forces vives de la recherche ou œuvrant dans l’administration publique a permis de réfléchir à de nouvelles manières de concevoir, de mettre en œuvre et d’évaluer les services publics.
Les personnes présentes ont profité de ce temps fort d’expérimentation intensive de la coproduction. En effet, la programmation était composée d’une série de grandes conférences et de tables rondes, suivie d’études de cas et d’ateliers pratiques en petits groupes. Cette formule a permis à l’équipe d’organisation de catalyser les connaissances de chercheuses et de chercheurs de l’international et de croiser les regards avec des praticiens et des experts d’ici. Les participantes et les participants ont ainsi profité d’un transfert de notions conceptuelles et concrètes.
Plusieurs ateliers participatifs ont permis d’expérimenter les approches de coproduction à partir de situations réelles présentées par les partenaires. Cette mise en pratique a rendu tangibles les liens entre les contenus théoriques et les défis vécus dans les administrations publiques quant à la mise en œuvre de la coproduction.
« Nous sommes confrontés à des crises multiples : sociales, environnementales, sanitaires, ou de confiance dans les institutions publiques. Ces constats nous rappellent les limites d’un modèle d’action publique construit sur la verticalité et la séparation des rôles. Dans ce contexte, la coproduction n’est pas qu’une méthode : c’est une transformation profonde de notre manière de comprendre le service public, de gouverner, et d’agir ensemble.
Coproduire, c’est reconnaître la pluralité des savoirs, c’est accepter de partager le pouvoir de définir les besoins, les solutions, les priorités. C’est concevoir les services publics non pas pour les citoyens, mais avec eux, en créant les conditions d’un dialogue réel et d’une responsabilité partagée. » - Extrait du discours d'ouverture de la professeure Audrey L’Espérance
Cette approche incarne la posture de l’ENAP comme école de gestion publique engagée, qui favorise l’apprentissage par la pratique et la réflexion collective sur l’action publique.
Parmi les conférencières et les conférenciers, soulignons la présence de :
- Elke Loeffler, University of Birmingham (Royaume-Uni) – directrice de Governance International et associée de INLOGOV
- Sanna Tuurnas, Tampere University (Finlande) – directrice et professeure adjointe
- Sanneke Kuipers, Leiden University (Pays-Bas) – professeure titulaire
- Trui Steen, Université catholique de Louvain (Belgique) – professeure titulaire et directrice, Public Governance Institute
Ce dialogue avec des chercheuses et des chercheurs d’Europe, du Canada et du Québec, travaillant le vaste sujet de la coproduction des services publics, a d’ailleurs offert des pistes et des outils concrets particulièrement appréciés. En proposant des enquêtes comparatives sur la prévention et des perspectives autres sur les crises sanitaires et climatiques, les présentations ont permis la mise en circulation des savoirs pendant toute la semaine.
La coproduction et la coconstruction s’appuient sur l’innovation. Les échanges avec nos partenaires européens ont contribué à renforcer nos pratiques et à mettre en valeur l’expertise québécoise en matière de gouvernance collaborative, dans un esprit d’apprentissage mutuel que l’ENAP cherche à promouvoir.
Des recherches de proximité avec les organisations publiques et parapubliques
À l’ENAP, des travaux de recherche sont menés sur et avec les milieux de pratique. Ce positionnement favorise la coconstruction de connaissances utiles à l’action publique et alimente directement la formation de la relève. Cette expertise est reconnue non seulement par les organismes subventionnaires, tels que le Conseil de recherches en sciences humaines (CRSH), qui a d’ailleurs octroyé du financement pour cette activité, mais aussi par les gestionnaires de l’administration publique. L’ENAP comme établissement de recherche et de formation est d’ailleurs bien ancré dans cet écosystème. Les différents partenariats avec les municipalités, les réseaux de santé ou le milieu communautaire sont partie intégrante des travaux menés par ses chercheuses et ses chercheurs.
L’École d’automne a aussi démontré la capacité de l’ENAP à créer un pont entre générations de praticiens et de chercheurs. Les étudiants, jeunes professionnels et décideurs expérimentés ont pu dialoguer autour de projets concrets, dans une atmosphère de coapprentissage.
L’ENAP est un lieu où l’on apprend, mais aussi où l’on se rencontre et où l’on doute ensemble. C’est dans cet esprit que nous formons des chercheurs, des praticiens et des citoyens capables de contribuer, chacun à leur manière, à la coproduction des politiques publiques.
L’expérience de cette semaine de coproduction illustre la vision de l’ENAP : une école ancrée dans la société, qui contribue activement à l’innovation publique et à la transformation de l’État. En favorisant la rencontre entre la recherche, la pratique et la formation, l’École d’automne incarne la mission même de l’ENAP : former des leaders capables d’imaginer, de bâtir et de gouverner autrement.
À propos des écoles saisonnières de l'ENAP
Tout au long de l’année, l’ENAP propose des écoles saisonnières sur différents thèmes. C’est l’occasion idéale de parfaire une formation avec un cours de 2e cycle universitaire. En plus des modalités pédagogiques conventionnelles, vous avez la possibilité de rencontrer des expertes et des experts de différents milieux.