L’ENAP a formé de nombreuses personnes de talent en administration publique depuis 1969.
En 50 ans, elle en a promu près de 10 000! Pour célébrer le cinquantenaire de sa fondation, la communauté de l’ENAP reconnaît des femmes et des hommes au leadership mobilisateur, issus de cohortes diverses et ayant exercé une influence déterminante sur leur milieu professionnel ainsi que dans la sphère sociale. Ils sont une source d’inspiration pour les étudiantes et les étudiants d’aujourd’hui et les futures personnes diplômées.
Voici les portraits présentant des personnes diplômées qui contribuent à faire évoluer leur organisation et leur communauté.
Marc-André Dowd
Commissaire à la déontologie policière, ministère de la Sécurité publique
Maîtrise en administration publique 2004
Comment un avocat devient-il gestionnaire? Marc-André Dowd s’est posé cette question après une décennie de carrière. Le service de l’État l’attirait depuis longtemps. Pour voir s’il avait la tête de l’emploi, il s’est offert une maîtrise à l’ENAP. « Cette pause dans ma pratique professionnelle m’a permis de réfléchir à ce que je voulais réaliser », dit-il.
Au fil des cours, sa vision a émergé. Le haut fonctionnaire applique depuis 15 ans son talent d’administrateur en faveur d’une conception humaniste de l’égalité sociale. D’abord à la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse, puis au Protecteur du citoyen. Actuellement commissaire à la déontologie policière, il reçoit les plaintes visant les agents de la paix. Toujours avec le même idéal : s’assurer que l’État respecte les droits de tous les citoyens, en particulier les plus vulnérables.
De ses études, il a retenu des outils concrets qui facilitent la gestion au quotidien. Comment animer une rencontre, mobiliser une équipe autour d’un objectif, s’adapter à diverses personnalités…
« À l’ENAP, j’ai acquis les habiletés pour diriger efficacement une équipe de travail, résume-t-il. Je m’en sers pour établir un climat fondé sur le plaisir de la collaboration, l’ouverture et la communication. »
Comme dans ce cours où il devait construire une maquette avec des morceaux distribués à différentes équipes. Les étudiants devaient réunir les éléments manquants par la négociation et la coopération, dans un délai serré. Quand son groupe a réussi, il trépignait de fierté.
Un moment mémorable!
Mais surtout, sa formation l’a entraîné à composer avec la diversité des points de vue. La leçon qui a changé sa vie : ne jamais laisser aux gens le choix de se taire. En réunion, quand il voit une personne froncer les sourcils, il l’invite à donner son opinion. « Une merveilleuse chargée de cours m’a appris qu’une discussion qui brasse, ça forge des consensus. Pouvoir exprimer sa dissension soude une équipe, même quand la décision finale ne plaît pas à tous. »
En rédigeant récemment sa planification stratégique, Marc-André Dowd songeait à recruter un stagiaire. Devinez où… « L’ENAP apporte une plus-value aux milieux de travail, affirme-t-il. Pour ses 50 ans, je lui souhaite de renforcer ses alliances avec les gestionnaires pour mener encore plus de projets de collaboration. »
Anaïs Valiquette L’Heodreux
Professeure adjointe, California State University Northridge
Doctorat en administration publique 2017
Maîtrise en administration publique 2013
Programme cours de 2e cycle en management public 2016
La recherche en administration publique peut-elle aider la société? Anaïs Valiquette L’Heureux y croit. Quand un train a explosé à Lac-Mégantic, le 6 juillet 2013, la jeune femme a aussitôt voulu comprendre quelles pratiques pourraient prévenir une telle tragédie. Elle y a consacré son doctorat, élaborant un modèle innovateur pour évaluer la vigilance des organisations. Son analyse a repéré les lacunes du système de gestion de la sécurité ferroviaire. « Mener des recherches qui ont un réel impact, c’est ce qui me fait vibrer », lance la diplômée de l’ENAP.
Aujourd’hui professeure adjointe à la California State University Northbridge, elle enseigne dans un programme de maîtrise regroupant quelque 600 étudiants. Elle y poursuit ses recherches sur les politiques de prévention des déversements pétroliers. Entre autres, elle élabore un outil diagnostique de la pratique de la vigilance qui permet de vérifier que les employés d’une organisation sont bien en mesure de signaler les menaces à la sécurité. Ses travaux allient gestion du risque, gestion de crise et éthique pour mieux protéger la population. « Faire avancer la science contribue à une meilleure articulation des politiques publiques », croit-elle.
Cette carrière florissante, elle l’attribue à la diversité de l’expérience acquise dans son alma mater. En sept ans d’études, elle a pu explorer plusieurs branches appliquées de l’administration publique. Elle a collaboré avec divers professeurs outre sa directrice, Marie-Christine Therrien. Ses mentors ont poussé leur appui jusqu’à lui organiser une répétition de son entrevue d’embauche en Californie. Ils l’ont bombardée de questions en anglais. À la fin, elle était étourdie, mais prête!
« Mes professeurs à l’ENAP m’ont montré comment mener de façon indépendante des recherches qui ont de l’impact et les mettre à profit en formant la relève. Ils m’ont initiée à l’enseignement en me confiant des charges de cours. Je leur en suis reconnaissante. »
Sa soutenance de thèse a été un moment de pure émotion.
Anaïs Valiquette L’Heureux diffuse maintenant les meilleures pratiques québécoises dans son université californienne, par exemple en participant au remodelage du projet d’intégration qui conclut la maîtrise. Son expertise lui a valu un rôle en gouvernance académique et une prestigieuse bourse de recherche. « L’ENAP est une grande université en administration publique. Elle demeure ma référence », assure la professeure, qui souhaite à l’établissement 50 autres années de prospérité.
Nikolas Ducharme
Sous-ministre adjoint, ministère des Transports du Québec
Maîtrise en administration publique 2006
« Être gestionnaire n’est ni un art ni une science », clame Nikolas Ducharme, haut fonctionnaire au gouvernement du Québec. « C’est un métier, comme la menuiserie. Et un métier, ça s’apprend, par l’action et la réflexion! »
Issu de la promotion 2006 de l’ENAP, l’homme parle avec éloquence du service public.
Carrière oblige. Vers 25 ans, il préside la Fédération étudiante universitaire du Québec; vers 30 ans, il devient l’un des plus jeunes cadres au ministère de l’Emploi et de la Solidarité sociale et siège au CA de l’assureur La Capitale. Déjà, il comprend qu’aider une organisation à réaliser sa mission exige des compétences particulières. Sa maîtrise en administration publique sera suivie de plusieurs séjours d’études à Boston.
« L’ENAP m’a donné les outils pour amener les gens à travailler ensemble de façon pertinente, efficace et efficiente, résume-t-il. Mais surtout, elle m’a permis de confirmer mon choix de carrière. Aimais-je vraiment gérer ou juste l’idée d’être gestionnaire? Étais-je fait pour planifier, diriger, négocier, communiquer, mobiliser au quotidien? »
Sa vocation est claire. Au gouvernement, il débute avec le Programme Solidarité Jeunesse, série de projets pilotes pour sortir les jeunes de l’aide sociale. Plus tard, il coordonne comme administrateur d’État la mise à jour des instructions en planification stratégique et évaluation de programme au Conseil du trésor. Il exerce ses talents de direction dans cinq ministères avant d’arriver aux Transports, où il supervise comme sous-ministre adjoint quelque 1200 employés en performance organisationnelle — sa discipline favorite — et en services à la gestion.
Quand on lui demande son meilleur souvenir de ses études, il nomme des gens. Le professeur Daniel Maltais, par exemple, ou l’expert en compétences personnelles Claude-Michel Gagnon. « C’est à l’ENAP que j’ai pris conscience du côté humain de la gestion, fait-il. Les habiletés relationnelles, c’est 50 % du métier. »
Nikolas Ducharme revient parfois sur les lieux de sa maîtrise enseigner le management. À l’heure où des milliers de cadres québécois prennent leur retraite, former la relève de la fonction publique est plus crucial que jamais. « Ce n’est pas parce qu’on devient gestionnaire qu’on sait comment agir, rappelle-t-il. Il faut se former, lire, expérimenter. Vivre dans les certitudes est dangereux. » Voilà un défi taillé sur mesure pour l’ENAP, pour encore 50 belles années!
Christyne Tremblay
Sous-ministre, Ressource naturelle Canada
Diplôme d’études supérieures spécialisées 1996
Christyne Tremblay a plusieurs souvenirs de son diplôme d’études supérieures spécialisées à l’ENAP. Mais elle n’oubliera jamais le cours de Bernard Landry. L’ancien premier ministre du Québec commençait chaque leçon par l’analyse d’un événement d’actualité. « Il invitait les étudiants à décortiquer la polémique du jour pour cerner les enjeux et trouver des éléments de solution, se souvient-elle. La simple lecture du journal devenait fascinante. »
Alors fonctionnaire junior au gouvernement du Québec, l’étudiante a profité à fond du trésor d’expérience de ses professeurs et chargés d’enseignement. Elle a raffiné l’art de présenter des analyses rigoureuses, aptes à influencer les décideurs.
« À l’ENAP, on développe sa capacité, devant un enjeu complexe, à réconcilier des intérêts divergents pour en arriver aux meilleures options pour le bien commun », précise-t-elle.
Ces assises solides soutiendraient une grande carrière. En 2010, cette passionnée de politique devenait sous-ministre, exerçant tour à tour dans quatre secteurs. Elle a assisté Pierre Marc Johnson pour négocier l’accord commercial avec l’Union européenne, participé au forum de Davos avec le premier ministre Jean Charest, vécu la crise des carrés rouges avec la première ministre d’alors Pauline Marois… Un feu roulant qui se poursuit au gouvernement fédéral, où elle a été recrutée en 2016.
Ses études lui ont aussi donné accès à un réseau de mandarins toujours prêts à la conseiller. À l’été 2013, alors sous-ministre aux Ressources naturelles, elle a dû gérer les conséquences de violents feux de forêt dans le nord du Québec. Un consultant de l’ENAP lui a prêté main-forte : Guy Morneau, qui avait été son sous-ministre. « C’est une roue qui tourne, résume-t-elle en souriant. Aujourd’hui, je fais ma part pour soutenir la relève. Le contact avec les jeunes m’énergise. »
Les administrateurs publics sont le reflet de leur époque. Aujourd’hui soumis à des exigences rigoureuses de transparence et d’éthique, ils sont exposés aux médias sociaux et à des enjeux toujours plus complexes. « On compose avec une société très informée qui veut participer aux décisions. On ne bâtit plus les politiques publiques comme on le faisait il y a 20 ans. L’ENAP doit demeurer actuelle afin de bien préparer la prochaine génération. » Et surtout, donner le goût de la fonction publique, une mission exigeante, mais valorisante. « Je me sens privilégiée de pouvoir servir la population », conclut Christyne Tremblay.
Mohamed Nabil Tir
Directeur de la gouvernance et de la planification stratégique, Revenu Québec
Programme court pour analystes 2009
Maîtrise en administration publique 2011
À la fin de sa maîtrise à l’ENAP, en 2010, Mohamed Nabil Tir a un objectif clair : obtenir un stage au gouvernement du Québec. Déterminé, il sollicite toutes les directions vouées à l’examen des interventions publiques, sans exception. Le jour où, devenu conseiller, il est délégué au Groupe des responsables en analyse et évaluation de programme, les présentations officielles sont quasi superflues. Il connaît déjà de nom tous les membres… et ceux-ci ont presque tous lu son curriculum!
En moins d’une décennie, ce diplômé déterminé se hisse à un poste d’influence chez Revenu Québec. À 35 ans, il figure parmi les plus jeunes gestionnaires de l’agence. Directeur de la gouvernance et de la planification stratégique, sa tâche est immense, et il en raffole. « Au fil du temps, j’ai développé ma capacité à dénicher, comprendre et solutionner des problématiques sinueuses, résume ce père d’un petit garçon. Et ce, par la proactivité, la souplesse décisionnelle, l’apprentissage collectif et l’innovation. »
Pour parfaire son éducation à l’École, il arrive au Québec à -40 °C, croyant rentrer ensuite dans son Algérie natale. L’expérience va cependant le transformer. Cet économiste et auditeur interne s’entraîne avec plaisir à décortiquer le fonctionnement d’une organisation.
« À l’ENAP, j’ai appris à m’élever devant une situation pour la voir sous plusieurs angles. Et à renforcer la capacité d’agir par l’alignement vers des objectifs communs, le développement de l’agilité et la mesure de la performance », considère celui qui aimerait un jour consacrer un doctorat au sujet.
D’ici là, il partage ses connaissances avec son équipe, dont un stagiaire de son alma mater.
« Si on entretient de bonnes relations avec les gens, ils ont le goût de nous suivre. Je m’efforce de bien collaborer avec mes collègues de tous les niveaux », estime ce leader de proximité.
Bouleversements technologiques, pénurie de main-d’œuvre… Les organisations doivent s’adapter à la société pour servir de façon flexible et inclusive des citoyens toujours plus exigeants. Selon Mohamed Nabil Tir, il est primordial de former des agents de changement pour aider l’appareil public à se transformer. « Pour que l’État offre une bonne expérience aux citoyens, il doit miser sur la saine gouvernance et attirer les meilleurs talents, résume-t-il. L’ENAP appuie ce mouvement de progrès par la qualité de son enseignement. »
Catherine Privé
Cofondatrice et présidente d’Alia Conseil
Maîtrise en administration publique 1997
Faire une maîtrise à l’ENAP, volontiers… mais à temps partiel. C’est le choix qu’a fait Catherine Privé en 1994. La jeune bachelière en psychosociologie était alors occupée à cofonder un cabinet de services-conseils. Elle a donc intégré une cohorte de gestionnaires en exercice, avec un double objectif : démarrer sa firme en parallèle, mais aussi côtoyer en classe des cadres d’expérience.
Son intuition l’a bien servie. La formation lui a permis de faire émerger ses talents de femme d’affaires tout en tissant des relations solides avec ses collègues.
« Ce que j’ai développé à l’ENAP, c’est un réseau de contacts parmi les décideurs. Je brasse encore des idées et réalise des projets avec des gens que j’y ai connus. Ça s’est révélé majeur pour le développement de ma carrière », explique l’énergique présidente du cabinet Alia Conseil.
À sa collation des grades, en 1997, elle dirigeait déjà plusieurs employés. Aujourd’hui, son entreprise compte une soixantaine de salariés et sert un éventail de grandes sociétés, ministères et PME. D’où sa mention aux Grands Prix québécois de la qualité en 2013.
Guidée par des professeurs inspirants, elle a développé des habiletés stratégiques pour bien servir les organismes où administration et politique se chevauchent. « On apprend à intervenir dans des milieux complexes, dit-elle. C’est un beau terrain de jeu pour faire du développement organisationnel. » Un savoir qu’elle redonne au suivant en s’engageant comme mentore d’entrepreneurs à fort potentiel.
Mais à l’ENAP, elle a surtout trouvé un authentique milieu de vie. Elle n’a jamais oublié les gestes de bonté de certains employés, qui ont su faire une expérience humaine de ses exigeantes études supérieures. Comme la bibliothécaire qui lui dénichait des livres rares ou le gardien de sécurité qui saluait les étudiants consacrant leur samedi à des travaux de groupe. Cette culture l’a marquée. Elle adopte aujourd’hui la même attitude de « leader bienveillante » avec son personnel.
Heureux 50e anniversaire à son alma mater, donc. Et bonne suite. L’établissement doit demeurer attractif pour les jeunes, car l’État a des défis à relever. Entre autres, accroître sa rapidité d’embauche pour retenir les bons candidats. « Il faut renouveler les façons de faire pour gagner en agilité organisationnelle, estime Catherine Privé. Une relève bien formée pourra apporter du sang neuf à nos institutions. »
Réjean Houle
Secrétaire adjoint à la jeunesse, ministère du Conseil exécutif
Maîtrise en administration publique 2005
Lever la main quand un défi de taille se présente, c’est un réflexe chez Réjean Houle. En 2012, il saisit quasiment au vol le poste de secrétaire général et responsable du bureau du sous-ministre associé à l’Économie. Vendredi, il reçoit la proposition; dimanche, il l’accepte; lundi, il participe au breffage de la ministre! « C’était un pari, mais quand on poursuit ses rêves, on en sort toujours grandi et gagnant », affirme-t-il.
Et comment. L’audacieux fonctionnaire accède à un emploi supérieur en moins de 15 ans, devenant ainsi le plus jeune sous-ministre adjoint au gouvernement du Québec. Son succès, il l’attribue au soutien de ses mentors, mais aussi à sa maîtrise en analyse du développement des organisations.
« J’ai acquis à l’ENAP un coffre à outils adapté aux enjeux de la fonction publique, décrit ce pragmatique. Et un réseau de personnes-ressources dotées d’une expérience concrète du milieu. »
Pour son stage de finissant, il rédige un mémoire sur la prestation de services multimode dans l’administration québécoise, qui cherche justement à prendre le virage numérique. Il est recruté pour participer à la modernisation de la Régie de l’assurance maladie. Mais c’est au ministère des Finances que le bachelier en économie et sciences politiques prend son élan. Il plonge dans l’action en coordonnant les travaux parlementaires et en participant à l’élaboration de sept budgets. Nommé ensuite directeur au sein du ministère du Conseil exécutif, il veille au suivi du plan de match gouvernemental et aux relations avec le cabinet du premier ministre.
Pas étonnant que ce père de trois jeunes enfants soit choisi pour suivre la formation du Cercle des jeunes leaders de l’administration publique. En 2017, il entame une série d’ateliers avec des fonctionnaires chevronnés. « Une expérience merveilleuse, commente-t-il. Les participants étaient hyper allumés et motivés. Des liens uniques se sont créés entre nous. » Détenteur d’une vision globale des enjeux et du fonctionnement de l’État, il côtoie des gestionnaires aux expériences complémentaires. Il élargit ainsi ses horizons et gagne des alliés dans divers ministères.
Réjean Houle estime que l’ENAP peut rayonner encore davantage, au Québec comme à l’étranger. « Elle doit continuer à développer avec agilité des programmes adaptés aux besoins de la fonction publique », conclut-il. Ainsi pourra-t-elle contribuer pleinement à la formation des dirigeants de demain.
Manon Dufour
Directrice générale, Commission scolaire des Draveurs
Maîtrise en administration publique 2014 et doctorat en cours
Quand Manon Dufour a terminé sa maîtrise à l’ENAP, elle a invité ses deux adolescents à la collation des grades. Son but avoué : leur donner un exemple de réussite scolaire. Son plan a si bien fonctionné… qu’elle s’est fait prendre. « Voir des finissants obtenir leur doctorat m’a tellement inspirée que j’ai choisi de poursuivre mes études », raconte-t-elle en riant!
Cette doctorante innovatrice trouve le tour de faire ses travaux universitaires à temps partiel en plus de diriger une commission scolaire. À travers sa thèse, elle s’intéresse aux pratiques des gestionnaires de l’éducation qui permettent d’améliorer les résultats des élèves. Une continuité naturelle de sa maîtrise, dans le cadre de laquelle elle avait, en se basant sur les stratégies de gestion jugées efficaces par la recherche, invité le personnel de son école secondaire à évaluer le système en place. Ensuite, avec son équipe, elle avait élaboré un plan de gestion du changement de pratiques et contribué ainsi à une hausse appréciable des résultats des élèves.
Aujourd’hui, la coprésidente de la Table Éducation Outaouais et membre du conseil d’administration de l’Association des directions générales des commissions scolaires contribue à stimuler les échanges sur les pratiques gagnantes. Dans le cadre de son travail de concertation,
il lui arrive de croiser d’anciens camarades de classe.
« Rassembler les parties prenantes d’une cause par diverses stratégies de mobilisation et de leadership, on apprend ça dans nos cours, note-t-elle. Ça finit par créer tout un réseau! »
Cette orthopédagogue de formation ressentait l’appel de l’éducation. Son attrait pour la gestion, elle l’a découvert en devenant gérante d’une boutique pendant ses études. Son parcours original lui a permis de jumeler ses deux passions avec l’administration scolaire.
Elle rêvait d’étudier à l’ENAP, gage d’excellence; elle a osé et ne l’a pas regretté.
« Ce que j’y ai appris, j’ai pu le réinvestir rapidement dans mon travail, dit-elle. Posséder un cadre théorique aide à poser un diagnostic organisationnel, à prendre des décisions éclairées et à mobiliser son équipe. On peut aller loin dans sa carrière en s’appuyant sur son expérience, mais je suis convaincue qu’une solide formation permet d’apporter des changements plus profonds. » Ce qu’elle souhaite à son alma mater pour son anniversaire? De conserver des attentes élevées envers elle-même et ses étudiants pour vivre 50 autres belles années dans la continuité.
Jean-Stéphane Bernard
Membre du conseil d’administration et président-directeur général de l’Office Québec-Monde pour la jeunesse
Maîtrise en administration publique 2004
Au printemps 2004, Jean-Stéphane Bernard met le point final à son mémoire de maîtrise. Il est captivé par son sujet : la gouvernance des organismes publics. Quinze ans plus tard, il continue avec bonheur à tester la théorie sur le terrain! « Ma carrière aurait été différente sans mon passage à l’ENAP, certifie le haut fonctionnaire. Ce qui fait la valeur ajoutée de cette formation, entre autres, c’est une vision d’ensemble de la gestion adaptée au secteur public. » Des notions importantes, voire incontournables, qui lui servent encore chaque jour.
Le jeune professionnel fait ses premiers pas en gestion à la Régie des rentes. Il débarque au milieu d’un chantier majeur : l’implantation des services en ligne. Il se retrouve face à des experts en informatique qui s’expriment en mégabits. Pas de panique.
« L’ENAP m’a donné la confiance nécessaire pour occuper des emplois où, à première vue, je n’avais pas entièrement le profil, dit-il. Cependant, j’avais acquis les connaissances et compétences en gestion. Ça change tout. »
Il peut aussi compter sur un réseau d’anciens professeurs et collègues de classe toujours prêts à partager leurs idées avec lui.
Le voilà donc à bord d’un express vers des postes de responsabilité. Directeur du Bureau du Québec à Washington. Délégué du Québec en Nouvelle-Angleterre. Sous-ministre adjoint, puis sous-ministre des Relations internationales. Secrétaire général associé aux relations canadiennes — son titre actuel… Des missions variées auxquelles il s’adapte en souplesse, avec son entregent habituel.
Éternel curieux, il approfondit ses études en management au Massachusetts Institute of Technology. Mais il revient toujours à l’ENAP. Au fil des ans, il crée des partenariats entre le milieu universitaire et la fonction publique, notamment en soutenant des chaires de recherche. Plusieurs mettent en lumière l’expertise unique des professeurs énapiens.
Pour les années à venir, Jean-Stéphane Bernard souhaite que les employés du secteur public puissent tous profiter d’une expérience d’apprentissage dans l’établissement qui l’a formé à ce type de gestion. Moins pour propulser leur carrière que pour élargir leurs horizons. « L’ENAP m’a appris à réfléchir dans une perspective globale, résume-t-il. Aujourd’hui, quand je mène des projets, je ne pense pas seulement à mon secteur d’activités, mais aussi à mon ministère et au gouvernement dans son ensemble. »
Pascale Berardino
Juge à la Cour du Québec, Chambre de la jeunesse, district de Bedford
Maîtrise en administration publique 2015
Pascale Berardino n’aurait jamais cru se passionner pour la gestion. Admise au Barreau en 1989, elle exerçait le droit avec bonheur. Puis, un beau jour, la conseillère juridique à l’Association des centres jeunesse du Québec a ressenti le besoin de mieux comprendre la réalité des cadres qu’elle côtoyait. Par curiosité, elle s’est inscrite à un programme court de l’ENAP. Surprise totale ! Elle a fini par faire une maîtrise en administration publique. Un détour imprévu, mais profitable, dans sa carrière.
« Le passage à l’ENAP a été pour moi une expérience transformationnelle. Ça m’a beaucoup révélé sur moi-même. Comment j’inter-agis avec les autres, comment je m’investis dans mon travail », décrit l’avocate, nommée en 2017 juge de la Cour du Québec.
La retraite fermée qu’elle a vécue avec une quinzaine d’étudiants pour le cours Développement personnel du gestionnaire l’a marquée à vie. Elle s’est même découvert un goût pour les travaux d’équipe, elle qui y avait toujours été allergique… Chercher avec des gens de milieux divers comment gérer un éventail de situations réelles l’a fascinée. « Les étudiants participent autant que les professeurs à la formation. C’est ce qui fait toute la richesse de ce parcours. »
L’avocate-administratrice a appliqué ses nouvelles compétences à sa mission de vie : aider les enfants et les familles vulnérables. Cet objectif, elle le poursuivait depuis 2001 à travers divers postes en droit de la jeunesse. Ses études ont toutefois élargi son regard. En plus de se soucier de la qualité des services aux usagers, elle s’est intéressée au soutien que l’on donne aux employés des organisations publiques chargées de protéger les jeunes, ainsi qu’à l’harmonisation de leurs pratiques.
Qu’une administration de qualité puisse faire une différence dans la vie des gens, elle n’en doute pas. À l’Association des centres jeunesse du Québec, elle a convaincu ses collègues d’implanter une méthode collaborative pour la rédaction des politiques ou lignes directrices. Chaque projet implique dès le départ une consultation des directeurs-conseils qui évaluent quels secteurs seront touchés. Une meilleure coopération donne de meilleures orientations et, finalement, de meilleurs services. Pascale Berardino voit dans cette démarche un bénéfice direct de ses études à l’ENAP. Qu’un plus grand nombre de gestionnaires s’offrent cette formation, voilà ce qu’elle souhaite à l’établissement pour son 50e anniversaire.
Sony Perron
Sous-ministre délégué, Services aux Autochtones Canada
Maîtrise en administration publique 1994
Les initiatives qui génèrent des résultats, Sony Perron aime ça. Alors quand l’ENAP a offert sa maîtrise en administration publique aux finissants du baccalauréat, il n’a pas hésité!
« J’ai découvert un milieu d’études très riche, où la théorie cohabite avec des expériences réelles et une profonde réflexion sur l’innovation en politique publique. Un entraînement exceptionnel pour tous ceux qui veulent faire une différence dans ce domaine », résume ce diplômé de la seconde promotion du programme.
À l’ENAP, il a peaufiné sa compréhension des rouages de l’État et ses habiletés de leadership. Les ateliers en évaluation de programmes, où l’on mesure l’efficacité d’une initiative en équipe avec des gens de divers horizons, l’ont passionné. « Apprendre à voir un problème complexe sous tous ses angles prépare bien à une foule d’emplois dans le secteur public ou parapublic », affirme ce haut fonctionnaire, recruté par l’administration fédérale en 1997, après un passage dans le privé.
L’ENAP, c’est aussi un encadrement humain. À la fin de sa maîtrise, le jeune homme avait ciblé le stage de ses rêves, au Secrétariat du Grand Montréal, au ministère du Conseil exécutif. Travailler au développement économique de la métropole, c’était taillé sur mesure pour lui, bachelier en urbanisme ! Hélas, son CV n’a pas été retenu. Mais pas question de perdre ce dossier passionnant sous prétexte que son expérience était limitée. Il a contacté la responsable des stages, qui a pu arranger un bref entretien entre lui et l’employeur. Le finissant a plaidé sa cause avec fougue… et obtenu la place convoitée.
Ce que Sony Perron souhaite à son alma mater pour les 50 prochaines années ? « Continuer à décloisonner la fonction publique », dit-il. Ça va bien au-delà du gouvernement fédéral, provincial ou municipal. Aujourd’hui, les services publics sont offerts par nombre d’organismes à but non lucratif, d’organisations autochtones et d’entreprises innovatrices. Il faut aussi s’adapter à une génération de travailleurs qui envisagent autrement leur carrière dans la fonction publique. Les jeunes souhaitent des conditions d’emploi plus flexibles : des expériences diverses, un milieu plus participatif, estime ce père de trois grands enfants. « Le secteur public est appelé à changer. L’ENAP peut préparer les leaders de demain à composer avec cette évolution et à créer un milieu de travail stimulant. »